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    FLEUR D'UN JOUR


    J'aurais tant désiré naître fleur et non femme
    Eclore au petit jour et dès le soir fâner
    Sans avoir eu le temps de connaître les larmes
    Les chagrins, les adieux, et les sombres pensées.

    Doucement éveillée à peine avant l'aurore
    Par la fraîche rosée sur mes feuilles déposée
    J'ouvrirais un à un tous mes pétales d'or
    M'étirant lentement, encore ensommeillée.

    Peu à peu le soleil et sa douce chaleur
    Viendraient envelopper de leurs tièdes caresses
    Et cet astre du jour, en gagnant ses hauteurs
    Brillerait de mille feux et m'emplirait d'ivresse.

    Insensiblement mes yeux vierges de couleurs
    Découvriraient l'éclat des verdoyants herbages
    Les nuances lumineuses, jaunes ou rouges des fleurs
    Et l'azur éclatant d'un beau ciel sans nuages.

    Je serais éblouie par autant de beauté
    Au point d'en oublier que mon jour unique
    Je saurais apprécier, regarder, respirer,
    Profiter pleinement de ces instants magiques

    Et lorqu'au crépuscule le vent serait voler
    Juste après le plaisir d'un coucher de soleil
    Un à un vers le ciel mes pétales fânés
    Un soupir de bonheur me rendrait au sommeil.

    Je n'aurais rien connu des larmes, des chagrins,
    Des adieux déchirants, de la mort d'un ami
    Mon pollen volerait jusqu'au petit matin
    Pour venir se poser sur ta tombe fleurie.

     

    Liliane ROSATI

     




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